Lors du Sommet du G7 au Canada, les dirigeants des grandes économies mondiales ont signé six déclarations conjointes. Aux premières loges figurent deux champs stratégiques essentiels : les minéraux critiques et l’intelligence artificielle. Ces engagements soulignent une volonté ferme de sécuriser les chaînes d’approvisionnement et de cadrer l’innovation technologique dans un contexte géopolitique en mutation.
Le G7 entend sécuriser l’accès aux minéraux critiques
Les pays du G7 décrivent les minéraux critiques comme le socle des infrastructures numériques et énergétiques modernes. Essentiels à la fabrication de batteries, d’équipements militaires ou de composants électroniques, leur approvisionnement reste concentré entre quelques acteurs mondiaux. Cette dépendance constitue un risque stratégique majeur.
Face à cette vulnérabilité, les dirigeants ont lancé un Plan d’action sur les minéraux critiques qui verra le jour en 2025 à Kananaskis. Il vise à :
- Diversifier les sources d’approvisionnement tout en respectant les normes sociales et environnementales.
- Stimuler les investissements dans des projets miniers durables et transparents.
- Développer des technologies de recyclage et de substitution pour limiter la dépendance aux matières rares.
- Renforcer la coopération avec des pays non membres du G7 afin de coordonner les réponses aux pénuries.
Cette démarche prend place dans un contexte tendu, où certains États — dont la Russie — utilisent les ressources naturelles à des fins géopolitiques. Le G7 entend ainsi renforcer sa résilience économique et éviter que ces matières premières deviennent des leviers de pression stratégique.
L’intelligence artificielle, pilier d’une gouvernance technologique responsable
En parallèle, le G7 s’engage à encadrer le développement de l’intelligence artificielle. Considérée comme une des forces motrices de l’innovation, l’IA représente autant une promesse qu’un défi en matière de sécurité, d’éthique et de droits fondamentaux.
Les dirigeants ont établi une feuille de route implicitement fondée sur ces piliers :
- Transparence des systèmes d’IA, pour garantir leur explicabilité et prévenir les biais.
- Partage des bonnes pratiques en matière de régulation entre pays membres.
- Soutien à l’innovation dans un cadre compatible avec la protection des droits humains.
Le Canada, en tant que pays hôte, a souligné l’interdépendance entre l’IA et les ressources critiques. L’État a lancé une Alliance pour la production responsable des minéraux, intégrant des volets liés à la traçabilité numérique et à l’automatisation dans les chaînes minières.
Un agenda stratégique à la croisée des transitions numérique et environnementale
Les déclarations du G7 ne se limitent pas aux questions technologiques pures. Elles reflètent un effort de convergence entre sécurité économique, résilience environnementale et stabilité géopolitique. En témoignent les autres thématiques abordées :
- Gestion des feux de forêt, qui affectent les réseaux électriques et les infrastructures numériques mondiales.
- Sécurité maritime, condition essentielle à la circulation des données et des équipements stratégiques.
- Sanctions renforcées contre les ressources utilisées pour financer des conflits, comme les diamants russes.
Ces initiatives cadrent les ressources critiques et technologiques dans une vision plus large de la souveraineté numérique et industrielle. Le sommet montre ainsi la volonté du G7 de réaffirmer son leadership dans des domaines où l’interdépendance économique ne doit pas se muer en dépendance stratégique.
Vers un nouveau pacte technologique entre les grandes puissances
L’année 2025 marque une nouvelle étape décisive pour la coopération technologique entre grandes puissances. En sécurisant leurs accès aux ressources rares et en posant les jalons d’une gouvernance de l’IA, les membres du G7 envoient un signal clair : préserver l’autonomie technologique est une priorité.
Pour les secteurs de la tech et de l’énergie, ces déclarations dessinent un futur fondé sur la durabilité, la transparence et la souveraineté. La communauté technologique, mais aussi les industriels, les régulateurs et les chercheurs, devront intégrer ces lignes directrices dans leur stratégie à court et moyen terme.
« Les minéraux critiques sont les éléments constitutifs des économies numériques et énergétiques sûres de l’avenir », rappelle le Plan d’action signé le 17 juin. Cette citation résume à elle seule la portée de ce sommet : dans un monde fracturé par les tensions géopolitiques, la technologie devient le nouveau terrain d’un pacte collectif pour la sécurité globale.