Peter Thiel, célèbre entrepreneur technologique et investisseur, a vendu l’intégralité de sa participation dans Nvidia, alors que le fabricant de puces atteint des sommets historiques grâce à la ruée vers l’intelligence artificielle. Cette décision marque un tournant majeur dans la stratégie d’investissement de son fonds Thiel Macro LLC et soulève des interrogations sur la durabilité de l’euphorie entourant l’IA.
Une cession de grande ampleur
Entre juillet et septembre 2025, Thiel Macro a cédé 537 742 actions Nvidia, représentant près de 40 % de son portefeuille. Le montant total de la vente est estimé à environ 100 millions de dollars. Cette opération survient au moment où le titre Nvidia atteint des niveaux record, surfant sur une demande explosive pour les semi-conducteurs spécialisés dans l’intelligence artificielle.
En parallèle, Thiel a réduit de 77 % son exposition à Tesla, conservant environ 65 000 actions contre 272 613 précédemment. Ces positions ont été réallouées en faveur de trois géants technologiques, désormais au cœur de son portefeuille : Microsoft (34 %), Apple (27 %) et Tesla (39 %).
Un signal d’alarme sur la bulle IA ?
Cette sortie intervient dans un contexte de plus en plus tendu sur les marchés technologiques. Malgré l’engouement massif pour l’IA, plusieurs investisseurs expriment des inquiétudes croissantes sur une potentielle bulle spéculative, comparable à celle de la fin des années 1990 autour d’Internet.
Déjà en juillet 2024, lors du Festival d’idées d’Aspen, Thiel avait formulé des doutes publics sur le monopole de Nvidia dans l’économie de l’IA : « C’est très étrange que la grande majorité des revenus générés par l’IA proviennent d’une seule entreprise, Nvidia. »
Sa décision d’alléger ses positions IA traduit donc une volonté assumée de se désengager d’actifs jugés surévalués, au profit d’entreprises plus résilientes, aux revenus diversifiés et moins sensibles aux cycles du marché technologique.
Apple et Microsoft, valeurs refuges pour Thiel
Le repositionnement du portefeuille vers Apple et Microsoft témoigne d’une orientation stratégique plus prudentielle. Ces deux géants disposent de bases d’utilisateurs établies, d’écosystèmes fermés solides et de capacités financières robustes. Autant de facteurs que Thiel semble considérer comme plus durables dans un environnement incertain.
Contrairement à Nvidia, dont la valorisation repose largement sur des projections optimistes de croissance de l’IA, Apple et Microsoft affichent des modèles commerciaux éprouvés. Ils fusionnent rendement à court terme et capacités à capitaliser progressivement sur les avancées technologiques. Une stratégie que de nombreux gestionnaires de portefeuilles saluent dans une période où les marchés semblent tendre à l’exubérance.
Une prudence plus large dans le secteur
Thiel n’est pas seul à réduire ses expositions dans les valeurs pièce maîtresse de l’intelligence artificielle. Récemment, SoftBank a lui aussi partiellement allégé sa participation dans Nvidia, renforçant le sentiment d’une prise de profits généralisée au sein des investisseurs avisés.
Selon des analystes, les valeurs liées à l’IA intègrent déjà un fort niveau d’optimisme, rendant toute correction potentielle douloureuse. Cela pousse certains acteurs à anticiper une rotation vers des actifs moins cycliques, comme les plateformes technologiques majeures déjà bien intégrées à l’économie numérique mondiale.
Vers quel avenir pour Nvidia ?
Avec une capitalisation atteignant 5 000 milliards de dollars, Nvidia est devenue la première entreprise technologique à franchir ce seuil. Mais cette flambée du cours repose largement sur des anticipations de domination à long terme dans l’IA.
En vendant au sommet, Peter Thiel capitalise sur les gains historiques de l’entreprise tout en se protégeant d’un éventuel retournement. Son intuition selon laquelle l’intelligence artificielle évolue de manière plus progressive que révolutionnaire redonne de l’écho à une approche d’investissement fondée sur la discipline, la diversification et la durabilité des revenus.
Perspectives d’investissement : prudence ou audace ?
La stratégie de Thiel dévoile une vision nuancée : l’IA reste une technologie clé pour les décennies à venir, mais ses rendements immédiats sont concentrés et possiblement surestimés. En misant sur des piliers comme Apple et Microsoft, Thiel affirme sa volonté d’allier innovation à stabilité, dans un contexte d’incertitude croissante.
Alors que certains continuent de parier massivement sur l’ascension sans fin des puces IA, d’autres, comme Thiel, commencent à se demander si l’avenir appartient aux fabricants… ou à ceux qui maîtrisent les plateformes où ces technologies prennent vie.








