Yann LeCun a confirmé mercredi 19 novembre 2025 qu’il quittera Meta à la fin de l’année après douze années au sein du groupe. Il lance une startup pour développer le programme Advanced Machine Intelligence (AMI). Ce départ marque une rupture nette avec la stratégie actuelle de Meta et pose des questions sur l’avenir de la recherche fondamentale en IA.
Contexte et annonce officielle
Yann LeCun, lauréat du prix Turing 2018 et figure majeure du domaine, a publié son annonce sur Facebook et LinkedIn. Il a occupé des postes clés chez Meta : cinq ans comme directeur fondateur du laboratoire FAIR puis sept ans comme directeur scientifique de l’IA. Il quittera ses fonctions à la fin de 2025 pour se consacrer à son nouveau projet.
Divergences stratégiques au cœur du départ
LeCun s’oppose à la focalisation actuelle de Meta sur les grands modèles de langage (LLM). Il juge ces modèles utiles mais limités pour le raisonnement complexe. Il défend une autre voie basée sur l’ingestion d’images et de vidéos. Ainsi, il veut doter les systèmes d’une compréhension du monde physique.
Cependant, Meta a recentré ses investissements sur les LLM et les initiatives dites de « superintelligence ». Cette orientation clash avec la vision de LeCun. Par conséquent, les divergences stratégiques ont rendu la séparation inévitable.
Réorganisation interne et nouvel écosystème chez Meta
Meta a lancé une restructuration massive de ses équipes IA. Le groupe a supprimé 600 postes au sein de la division IA. Ensuite, Mark Zuckerberg a nommé Alexandr Wang pour diriger une nouvelle entité, Superintelligence Labs. LeCun a été intégré à cette entité et placé sous la responsabilité de M. Wang.
En outre, ces décisions traduisent un changement clair des priorités. Meta privilégie désormais des approches applicatives et des modèles à grande échelle. Cette dynamique réduit l’espace pour la recherche fondamentale telle que conduite par LeCun.
La nouvelle startup : Advanced Machine Intelligence (AMI)
LeCun annonce la création d’une startup dédiée au programme Advanced Machine Intelligence (AMI). Il préfère ce terme à « intelligence artificielle générale ». Il souhaite développer des systèmes qui comprennent le monde physique, possèdent une mémoire persistante et savent raisonner et planifier des actions complexes.
Pour y parvenir, l’équipe mise sur les « world models ». Ces modèles cherchent à construire une représentation interne de l’environnement. Ils s’appuient sur l’analyse d’images et de vidéos plutôt que sur la seule prédiction de texte.
Ensuite, LeCun indique que la startup visera de nombreuses industries. Il cite la robotique comme domaine clé. Il précise que plusieurs applications ne recoupent pas les intérêts commerciaux de Meta, ce qui motive l’indépendance de la structure.
Relation future entre LeCun et Meta
Malgré son départ, LeCun maintient un lien avec l’entreprise. Il remercie Mark Zuckerberg et d’autres dirigeants pour leur soutien. Il précise aussi que Meta restera « partenaire » de sa nouvelle entreprise. Cependant, il ne détaille pas la nature précise de ce partenariat.
Impacts pour Meta
Le départ de LeCun incarne un tournant symbolique pour Meta. Il scelle la fin d’une période où la recherche fondamentale tenait une place centrale. De plus, la mainmise sur la stratégie IA par Superintelligence Labs change l’orientation interne.
En conséquence, Meta s’expose à des critiques sur l’érosion de sa capacité à innover sur le long terme. Toutefois, l’entreprise conserve des ressources substantielles pour développer ses LLM et ses produits commerciaux.
Conséquences pour l’écosystème de l’IA
La création d’une startup dirigée par l’une des personnalités les plus respectées du domaine peut redessiner l’écosystème. Elle peut attirer des talents et des capitaux vers des recherches alternatives aux LLM. Elle peut aussi accélérer le développement de systèmes pour la robotique et la compréhension physique du monde.
Par ailleurs, ce mouvement peut renforcer l’initiative européenne en IA. Pour en savoir plus sur les enjeux régionaux, consultez l’analyse sur l’écosystème européen de l’IA.
Aspects géopolitiques et industriels
Le départ d’un chercheur français de renom vers une structure indépendante peut peser sur la dynamique mondiale de l’innovation. Il peut encourager des partenariats transatlantiques et positionner l’Europe comme acteur de solutions alternatives. Ainsi, il soulève des questions sur la compétition pour les talents et le financement de la recherche avancée.
Calendrier et perspectives
LeCun s’engage à fournir des détails supplémentaires « en temps voulu ». Il achèvera ses responsabilités chez Meta avant la fin de l’année. Ensuite, il concentrera ses efforts sur le déploiement d’AMI et le développement des world models.
Conclusion
Ce départ associe rupture stratégique et opportunité scientifique. Il oppose deux visions distinctes de l’IA : l’une centrée sur les LLM, l’autre sur la modélisation du monde physique. Les mois à venir détermineront si AMI attire suffisamment de talents et d’investissements pour influencer durablement la recherche.








