Pourquoi Linux attire de plus en plus d’utilisateurs en 2025

Linux séduit de plus en plus grâce à sa simplicité, sa compatibilité gaming et le recul de Windows.

Pendant des décennies, Linux a semblé condamné à rester dans l’ombre : trop complexe, trop fragmenté, trop différent pour séduire le grand public. Pourtant, quelque chose est en train de changer.

En 2025, le système d’exploitation open source connaît un véritable regain d’intérêt, alimenté par plusieurs tendances : une défiance croissante vis-à-vis de Windows 11, l’émergence de distributions plus accessibles, l’évolution du monde du gaming sur PC, et même le soutien inattendu de figures populaires du web comme PewDiePie.

Alors que Windows reste largement dominant, Linux grignote du terrain, et pour la première fois depuis longtemps, ce mouvement semble durable.

Le contexte : un marché longtemps verrouillé

Historiquement, le marché des systèmes d’exploitation a toujours été dominé par Windows. Encore aujourd’hui, selon StatCounter (février 2024), Windows détient 72,13 % des parts de marché des ordinateurs de bureau, contre 4,03 % pour Linux, et 15,46 % pour macOS. Mais ces chiffres cachent une réalité plus dynamique.

Sur Steam, la célèbre plateforme de jeux vidéo de Valve, la progression de Linux est encore plus nette : en mai 2025, Linux atteint 2,69 % des utilisateurs, avec une hausse mensuelle de 0,42 %, pendant que Windows, lui, perd 0,65 %. Une dynamique qui intrigue, surtout dans un environnement où chaque changement d’OS est un acte lourd de conséquences pour les utilisateurs.

Le cas Steam : un thermomètre révélateur

Steam constitue un baromètre intéressant, car il reflète les habitudes d’un public jeune, technophile et exigeant. Ce que l’on y observe aujourd’hui est clair : de plus en plus de joueurs abandonnent Windows au profit de Linux.

Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Steam Deck, console portable de Valve sous SteamOS (basé sur Linux), n’est pas le moteur principal de cette progression. En mai 2025, la part de SteamOS est même en baisse, passant à 30,95 % de l’écosystème Linux sur Steam, soit une chute de 2,83 %.

Ce sont en réalité des distributions classiques de bureau, comme Linux Mint, Arch Linux ou CachyOS, qui progressent fortement :

  • Linux Mint 22.1 : 7,76 % (+1,56 %)

  • Arch Linux : 10,09 % (+0,64 %)

  • CachyOS : 2,54 % (+2,54 %, première apparition)

Linux Mint, en particulier, séduit par sa stabilité, sa ressemblance avec Windows et sa prise en main intuitive. Ce sont ces distributions, pensées pour les utilisateurs finaux, qui font bouger les lignes.

Microsoft s’éloigne de son OS phare

L’un des facteurs majeurs de ce basculement est sans doute l’évolution de la stratégie de Microsoft. Aujourd’hui, la firme mise davantage sur le cloud (Azure), l’intelligence artificielle et les services SaaS (Microsoft 365) que sur Windows lui-même.

« Windows devient un produit de second plan », résume Julian Gericke, directeur technique de LSD Open. Microsoft cherche à transformer Windows en service (Windows 365), et non plus en système propriétaire central. Cela se reflète dans l’orientation générale du groupe, beaucoup moins focalisé sur l’expérience utilisateur classique.

Résultat : de nombreux utilisateurs se sentent abandonnés ou frustrés, notamment avec les contraintes de Windows 11, ses mises à jour forcées, son intégration poussée de services cloud, et ses exigences matérielles discutables.

Le gaming sous Linux : la barrière qui tombe

Pendant longtemps, l’absence de jeux était l’un des freins principaux à l’adoption de Linux. Ce n’est plus le cas. Grâce à Steam, à la technologie Proton (qui permet de faire tourner des jeux Windows sur Linux), et à la montée en puissance de distributions compatibles avec le gaming, la situation a radicalement changé.

Des milliers de jeux tournent désormais sans modification sur Linux, avec des performances proches, voire supérieures à celles observées sous Windows. Valve investit lourdement dans cette compatibilité, avec l’ambition claire de détacher les joueurs de Windows.

Ce phénomène commence à être visible dans les chiffres. Sur Steam, la part d’utilisateurs sous Linux reste modeste, mais elle progresse chaque mois, avec une base d’utilisateurs de plus en plus diversifiée. Le jeu n’est plus une excuse pour rester sous Windows.

Open source, simplicité et modernité

L’un des grands mythes entourant Linux est sa supposée complexité. Pourtant, la réalité de 2025 est tout autre. De nombreuses distributions sont aujourd’hui conçues pour des utilisateurs non techniques :

  • Linux Mint offre une interface proche de Windows XP/7.

  • Pop!_OS mise sur la productivité et le design moderne.

  • Ubuntu reste une référence en matière de simplicité et de support.

À cela s’ajoute la généralisation des systèmes d’installation Flatpak, Snap ou AppImage, qui permettent d’installer n’importe quel logiciel en un clic, sans dépendances ni lignes de commande.

Le tout donne une expérience utilisateur fluide, performante et, surtout, respectueuse des données personnelles. Contrairement à Windows, Linux ne pousse pas à créer un compte cloud, ne collecte pas massivement les données et laisse l’utilisateur maître de sa machine.

Une croissance portée aussi par les pays émergents

La dynamique Linux est aussi tirée par des marchés à forte croissance. En Inde, par exemple, Linux représente déjà 15,23 % des parts de marché des systèmes desktop, devant macOS (3,11 %). Dans un pays où la culture technologique est forte et les coûts de licence sont un frein, Linux s’impose naturellement.

Cette tendance pourrait s’étendre à d’autres pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, où l’open source est vu comme une solution souveraine, économique et flexible.

Une visibilité nouvelle, même dans la pop culture

Même si cela peut paraître anecdotique, l’adoption de Linux par des créateurs comme PewDiePie participe à modifier la perception du système auprès du grand public. Linux n’est plus vu comme un outil austère réservé aux informaticiens. C’est une alternative crédible, élégante et personnalisable.

Une adoption durable ou un simple sursaut ?

Bien sûr, Linux n’est pas encore prêt à détrôner Windows dans les usages courants, et la fameuse “année de Linux” reste encore une perspective incertaine. Mais la progression actuelle est solide, continue, et surtout portée par des raisons structurelles.

Les distributions sont plus simples. L’écosystème logiciel est plus riche. Le support matériel est bien meilleur. L’univers gaming est désormais viable. Et Microsoft, de son côté, semble volontairement s’éloigner de son propre produit phare.

C’est dans cet espace que Linux trouve sa place. Et cette fois, ce n’est pas un feu de paille.

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