Google dément utiliser les contenus de Gmail pour entraîner ses modèles d’intelligence artificielle, mais une série de plaintes et de paramètres activés par défaut suscite la défiance. La firme affirme que l’analyse des e-mails reste cantonnée à des fonctionnalités internes, tandis qu’une action collective en justice pourrait redéfinir les limites du consentement numérique.
Google fait face à une controverse sur l’utilisation des données de Gmail
Depuis début novembre, Google est accusée d’exploiter les emails de ses utilisateurs pour entraîner ses algorithmes d’IA, en particulier Gemini, son modèle d’intelligence artificielle générative. Selon une analyse de Mashable, ces accusations semblent exagérées, mais elles mettent en lumière des problèmes bien réels liés à la transparence des paramètres dans Gmail.
Le cœur du débat repose sur les fonctions intelligentes activées par défaut dans Gmail, souvent appelées « smart features ». Ces outils exploitent le contenu des e-mails pour générer des suggestions de rédaction, catégoriser les messages ou remplir automatiquement les événements du calendrier. Cette analyse repose bien sur une lecture systématique des messages, mais Google affirme qu’elle ne sert pas à alimenter ses modèles d’IA générative.
Google nie toute utilisation des e-mails à des fins de formation d’IA
Face à la polémique, Google insiste sur une distinction cruciale : les données issues de Gmail seraient utilisées uniquement pour améliorer les services internes – et non pour entraîner ses intelligences artificielles comme Gemini. « Les e-mails ne sont ni stockés ni réutilisés pour la formation de nos grands modèles d’IA », explique l’entreprise dans une déclaration officielle citée dans plusieurs rapports.
La société rappelle également que les utilisateurs ont la possibilité de désactiver toutes les fonctions intelligentes à travers une option visible dans les paramètres. Problème : de nombreux comptes semblent avoir ces options déjà activées par défaut, sans vraie alerte ni consentement explicite, ce qui soulève des inquiétudes légitimes du côté des utilisateurs et des défenseurs de la vie privée.
Un opt-in déguisé ou un opt-out masqué ?
Le flou entretenu autour du système de consentement aggrave la situation. Google affirme que les utilisateurs doivent activer volontairement les fonctions intelligentes. Cependant, plusieurs rapports montrent que ces paramètres sont parfois préactivés, notamment après les mises à jour récentes de Gmail.
Ce manque de clarté s’est intensifié avec la reformulation des options de confidentialité en novembre 2025. Pour une partie croissante des utilisateurs, cela ressemble à un opt-out déguisé : les paramètres sont actifs par défaut, et il faut agir manuellement pour les désactiver.
Une plainte collective en Californie relance le débat juridique
Le 11 novembre 2025, une action en justice a été déposée en Californie contre Google. Cette plainte collective accuse l’entreprise d’avoir contrevenu à la California Invasion of Privacy Act. Le dépôt en justice met en cause l’analyse des e-mails sans consentement éclairé et questionne la légitimité des procédés de paramétrages préactivés.
Selon les avocats des plaignants, le consentement requis n’a pas été obtenu de manière équitable, ce qui pourrait entraîner des conséquences judiciaires importantes. En cas de condamnation, cette affaire pourrait établir un précédent juridique marquant dans le secteur technologique.
Ce que cela change pour les utilisateurs
Pour ceux qui souhaitent reprendre le contrôle de leurs données, il est essentiel de vérifier leurs réglages dans Gmail. Les options liées aux fonctions intelligentes se trouvent dans plusieurs sections des paramètres – notamment dans « Général » et « Confidentialité ». Il convient de désactiver manuellement les options d’analyse de contenu, les suggestions automatiques et l’intégration aux autres services Google.
Voici les étapes clés à suivre :
- Ouvrir Gmail et accéder aux paramètres (icône d’engrenage)
- Cliquer sur « Afficher tous les paramètres »
- Aller dans l’onglet « Général » puis désactiver les fonctionnalités de « smart compose » et de « nudges »
- Vérifier également l’onglet « Confidentialité et personnalisation » pour limiter le traitement des données
Un débat symptomatique de l’ère de l’IA
Cette controverse dépasse le seul cas de Gmail. Elle expose la tension grandissante entre l’adoption de l’intelligence artificielle dans les applications du quotidien et le respect scrupuleux de la vie privée. À mesure que les géants tech intègrent l’IA dans chaque recoin de leurs écosystèmes, les exigences de clarté, de consentement, et de contrôle deviennent incontournables.
En niant utiliser les e-mails pour entraîner ses modèles, Google tente de rassurer. Pourtant, le manque de pédagogie et de transparence dans la configuration des services alimente la méfiance. Alors que le recours collectif s’invite dans l’équation, le cas Gmail pourrait incarner un tournant pour la régulation des usages de données à l’ère des modèles génératifs.








