La mémoire vive, longtemps considérée comme un composant technique parmi d’autres, est devenue en 2025 l’un des principaux moteurs de l’inflation dans l’industrie technologique. En cause : l’explosion de la demande provoquée par l’intelligence artificielle. Résultat, les prix de la RAM DDR5 ont bondi de plus de 170 % sur certains modules, affectant tous les segments du marché, des data centers aux ordinateurs personnels. Même les produits Apple, connus pour leur écosystème intégré, ne sont pas épargnés.
Une flambée historique due à l’intelligence artificielle
Depuis le milieu de l’année 2025, les besoins en mémoire haute performance explosent. Les infrastructures conçues pour entraîner et faire tourner les modèles d’IA nécessitent d’énormes quantités de DRAM et HBM (High Bandwidth Memory). Cette demande, venue principalement des entreprises du cloud, des laboratoires IA et des géants technologiques, assèche littéralement le marché.
Les fabricants de mémoire redirigent donc leur capacité de production vers des puces spécialisées pour l’IA, plus complexes, plus rentables… mais moins nombreuses. Cela entraîne une baisse de l’offre de modules DDR5 standard destinés au grand public. À court terme, cette rareté s’est traduite par une hausse brutale des prix.
Des hausses record sur les tarifs de RAM
Concrètement, le prix d’un module DDR5 16 Gb a atteint en novembre 15,50 dollars, doublant en moins d’un an. Les modules grand public ont suivi. Un kit DDR5 de 64 Go coûtait 114 € début 2025 ; il dépasse aujourd’hui 160 €. Même constat pour le 32 Go, passé de 88 € en mai à plus de 140 € en fin d’année.
Face à cette réalité, le fabricant MINISFORUM a officialisé l’augmentation des tarifs de ses ordinateurs dès novembre, citant explicitement la hausse du coût de la mémoire vive. D’autres marques devraient suivre, à mesure que les contrats d’approvisionnement, notamment ceux de géants comme Samsung, sont renégociés à la hausse ou suspendus.
Des chaînes d’approvisionnement sous forte pression
L’industrie est contrainte de revoir ses priorités. Les fabricants privilégient désormais les composants destinés aux serveurs IA plutôt que les modules desktop traditionnels. Cette réallocation de ressources freine les livraisons destinées aux PC de bureau, aux laptops et au secteur gaming.
À cela s’ajoutent des signaux alarmants : les analystes prévoient une tension persistante sur les prix jusqu’au premier trimestre 2026, sans reprise notable de l’offre. L’effet domino menace toute la chaîne, des assembleurs aux consommateurs finaux.
Les produits Apple peuvent-ils résister à la tempête ?
Apple n’a pas commenté officiellement l’impact de cette crise sur ses gammes. Toutefois, ses produits haut de gamme — comme les MacBook Pro, Mac Studio ou iMac Silicon — embarquent de la RAM soudée, souvent de type LPDDR5, fournie via un approvisionnement interne rigoureux.
Cette intégration verticale protège en partie la marque contre les hausses ponctuelles. Mais elle ne suffit pas à neutraliser totalement l’impact du choc global. La flambée du coût de la DRAM mondiale pourrait réduire les marges d’Apple, voire influencer les futurs prix de vente. Certaines configurations sur-mesure avec des options mémoire élevées pourraient aussi se raréfier ou devenir plus chères.
Un impact direct pour les utilisateurs finaux
Les consommateurs qui souhaitent mettre à niveau ou construire un PC se heurtent à une double difficulté : des prix élevés et des composants moins disponibles. Le marché gaming, en particulier, subit de plein fouet cette crise. Les PC portables puissants destinés aux créateurs ou développeurs suivent la même direction.
Ce contexte risque de dissuader les acheteurs à court terme, de retarder des projets d’upgrade et d’accentuer la pression sur les ventes traditionnelles. À long terme, une raréfaction prolongée pourrait aussi stimuler la demande pour des architectures alternatives ou des approches hybrides dans le cloud.
Vers une normalisation à long terme ?
Pour l’heure, aucune stabilisation n’est en vue. Entre la croissance continuelle de l’IA, l’allongement des cycles industriels et des contrats sous tension, les prix pourraient rester à leur niveau élevé pendant encore plusieurs trimestres.
Aux yeux des analystes, la mémoire vive est devenue une ressource stratégique, au même titre que les semi-conducteurs ou les batteries. Son rôle-clé dans l’économie technologique actuelle laisse prévoir que cette hausse des prix ne sera ni éphémère, ni isolée.
Ce qu’il faut retenir
- +170 % sur le prix de la RAM DDR5 en 2025.
- Demande massive des infrastructures IA, au détriment du marché grand public.
- Effets en chaîne sur les fabricants, les prix des PC et potentiellement sur les produits Apple.
- Pas de baisse attendue avant mi-2026.
Les consommateurs comme les entreprises doivent désormais prendre en compte cette nouvelle donne. La mémoire vive, trop souvent ignorée dans les arbitrages budgétaires, est devenue un maillon crucial de l’économie numérique — aussi stratégique qu’insaisissable.








