Michael Burry, l’investisseur célèbre pour avoir anticipé le krach immobilier de 2008, revient sous les projecteurs avec un pari audacieux contre deux des entreprises les plus emblématiques de la révolution de l’intelligence artificielle. À travers son fonds Scion Asset Management, Burry a pris des positions à la baisse totalisant plus de 1,1 milliard de dollars sur Palantir Technologies et Nvidia Corporation, deux piliers de la croissance technologique actuelle.
Un pari de plus d’un milliard de dollars contre l’euphorie de l’IA
Le document réglementaire publié le 5 novembre 2025 révèle une stratégie résolument baissière : plus de 912 millions de dollars de put options sur Palantir et 186,6 millions sur Nvidia. Ces options permettent de tirer profit d’une baisse des cours.
L’ampleur de cette position est inhabituelle. Elle représente environ 80 % de la valeur totale du portefeuille de Scion. Une telle concentration tranche avec les pratiques classiques de gestion diversifiée, soulignant la conviction — ou le pari risqué — de Burry.
Retour remarqué sur les marchés et les réseaux
Quelques jours avant la publication du rapport, Burry a réactivé son compte sur les réseaux sociaux pour la première fois depuis deux ans. Le 31 octobre, il déclare laconiquement : « Parfois, on voit des bulles. Parfois, il y a quelque chose à faire à ce sujet. »
Le 3 novembre, il publie des graphiques montrant que la croissance des dépenses technologiques américaines atteint des niveaux similaires à ceux de la bulle Internet des années 2000. Deux jours plus tard, les détails de ses positions viennent confirmer son analyse pessimiste sur les valorisations actuelles de l’IA.
Réaction immédiate des marchés
L’impact de cette annonce ne tarde pas. En pré-ouverture le 5 novembre, le cours de Palantir chute de plus de 8 %, et celui de Nvidia cède plus de 2 %. Les marchés réagissent à la confiance implicite que l’investisseur accorde à ses analyses, renforcées par son passé de prévisionniste hors norme.
Des entreprises aux valorisations vertigineuses
Les deux entreprises visées se trouvent actuellement au cœur de la vague IA.
- Palantir Technologies : spécialisée dans l’analyse de données massives et les solutions d’intelligence artificielle, principalement pour les gouvernements et grandes entreprises. Son action a bondi de 175 % en 2025, atteignant une valorisation à 700 fois ses bénéfices.
- Nvidia : leader mondial des cartes graphiques et des puces spécialisées dans l’IA. Avec une ascension de 54 % cette année, sa capitalisation dépasse aujourd’hui les 5 000 milliards de dollars, un record mondial.
Pour Burry, ces chiffres sont révélateurs d’un désalignement avec la réalité économique actuelle. Il estime que cette croissance rapide repose davantage sur des espoirs spéculatifs que sur des fondamentaux durables.
Bubbles, options et précédents historiques
L’approche de Burry repose toujours sur une capacité à détecter les dissonances entre valorisation boursière et réalité économique. En 2008, il avait anticipé l’effondrement du marché immobilier américain alors que beaucoup misaient sur sa solidité. Plus récemment, il a critiqué les bulles sur le Bitcoin et les actions dites « meme stocks ».
Il applique aujourd’hui la même logique à l’IA. Les put options acquises indiquent qu’il ne s’attend pas à une simple correction, mais à un retournement sévère du marché. Cependant, ces options sont limitées dans le temps. Si les cours ne baissent pas avant échéance, le pari peut s’avérer coûteux.
Des signaux contradictoires
Pourtant, tous les indicateurs ne vont pas dans le sens d’une bulle. Nvidia et Palantir ont publié récemment des résultats solides. Leurs chiffres de croissance et l’acquisition de nouveaux clients témoignent d’une demande réelle pour leurs produits.
James Kardatzke, co-fondateur de Quiver Quantitative, note : « Michael Burry a une histoire de grands paris à la baisse quand il perçoit une bulle ». Mais rien ne garantit que ses anticipations se réaliseront à court terme. Parier contre des titres en plein essor reste une stratégie dangereuse.
Vers un nouveau « Big Short » ?
Les semaines et mois à venir révéleront si Michael Burry, fidèle à son instinct contrarien, aura une nouvelle fois eu raison contre l’enthousiasme du marché. Ce pari ambitieux contre l’euphorie sur l’intelligence artificielle remet en cause les fondements d’une tendance technologique dominante.
Certains y voient un signal précurseur. D’autres, un pari hasardeux à contre-courant d’un avenir déjà engagé. Une chose est sûre : quand Michael Burry prend position, Wall Street écoute.








