La puissance de calcul est en train de devenir la ressource stratégique la plus convoitée de la nouvelle ère numérique. Umesh Sachdev, PDG et cofondateur d’Uniphore, l’affirme sans détour : « Compute power is the new oil in the global AI race ». Dans un contexte où les applications d’intelligence artificielle prolifèrent, la disponibilité des infrastructures de calcul est désormais un levier de pouvoir économique et géopolitique.
Une pénurie qui ralentit l’élan mondial de l’IA
La demande croissante en ressources de calcul dépasse l’offre disponible. Aux États-Unis, une pénurie sévère de capacités de calcul est déjà à l’œuvre. Cette tension se propage en Europe. Selon Sachdev, ces carences menacent de ralentir le développement des modèles les plus avancés, notamment les grands modèles de langage (LLM) comme GPT-4, formés sur d’immenses volumes de données.
« These use cases require a lot of compute », déclare le PDG. Ces ressources ne sont pas seulement rares : elles sont réparties de manière inégale. Leur concentration dans certains centres de pouvoir technologique accroît les déséquilibres et pourrait creuser un nouvel écart numérique entre les nations.
Une ressource géopolitique stratégique
La puissance de calcul n’est plus seulement un atout technique : elle devient un facteur de souveraineté. Une fracture technologique émerge entre deux grands blocs. L’un, dominé par les États-Unis et ses alliés. L’autre, aligné autour de la Chine. Ce clivage pourrait réorganiser les flux de données mondiaux, restructurer les chaînes d’approvisionnement technologiques, et redéfinir les alliances internationales.
« Countries aligned with America will play in one ecosystem. We’ll see another ecosystem aligned with China », avertit Sachdev. Ce basculement souligne la nécessité pour les nations d’investir dans des infrastructures de calcul capables de soutenir leur indépendance technique.
Inde et Moyen-Orient : nouveaux pôles de la compute economy
Dans cette redistribution du pouvoir numérique, des acteurs émergents se positionnent rapidement. L’Inde, grâce à sa main-d’œuvre technologique et son potentiel de cloud computing, est appelée à jouer un rôle pivot. Pour Sachdev, son alignement avec le bloc occidental est crucial pour maximiser sa place dans l’écosystème mondial.
Le Moyen-Orient, quant à lui, multiplie les investissements dans les centres de données. Ces infrastructures de calcul émergentes répondent à la demande globale croissante, tout en repositionnant la région comme un fournisseur stratégique de “compute power” dans l’économie de l’IA.
Une IA agentique au cœur des entreprises modernes
Lors du sommet AI Leadership 2025 organisé à Londres, Sachdev a présenté la vision d’Uniphore : les entreprises doivent intégrer l’IA non comme un outil d’appoint, mais comme fondation de leurs processus métiers. « AI is not a vision for the future. AI is the foundation of the modern enterprise », a-t-il affirmé.
Uniphore concentre ses efforts sur le développement d’une IA agentique, capable de raisonner et d’exécuter des actions de manière autonome. Ces agents intelligents combinent modèles, données et interfaces pour fournir des systèmes cohérents, sécurisés et évolutifs. Une voie concrète vers l’automatisation de la prise de décision en entreprise, particulièrement efficace dans les domaines du support client, de l’analyse de performance ou du management des opérations.
Un leader de l’innovation conversationnelle
Umesh Sachdev n’est pas nouveau dans l’univers technologique. Reconnu pour ses innovations en technologie vocale et IA conversationnelle, il détient de nombreux brevets. Sa société, Uniphore, est devenue une référence mondiale en SaaS natif IA multimodal.
La plateforme d’Uniphore s’appuie sur la reconnaissance du langage naturel et l’analyse émotionnelle pour améliorer les interactions homme-machine. Elle illustre une tendance de fond : le recours à l’IA pour fluidifier, personnaliser et automatiser les relations entre les marques et leurs utilisateurs.
Une transformation mondiale encore en construction
La croissance fulgurante de l’IA repose sur une infrastructure critique : la puissance de calcul. Comme le pétrole a alimenté l’ère industrielle, les processeurs, GPU et centres de données alimentent l’économie numérique. Leur rareté actuelle souligne à quel point cette ressource devient une condition de compétitivité mondiale.
Les gouvernements et industries doivent y répondre par des investissements massifs dans des réseaux cloud distribués, des alliances technologiques fiables et la relocalisation partielle des infrastructures stratégiques. Une course engagée, mais dont l’issue reste incertaine.
Conclusion : l’huile numérique de demain
À l’aube de la prochaine décennie, le compute power devient l’actif critique de la souveraineté numérique. Derrière cette ressource invisible se joue une réorganisation majeure des pouvoirs technologiques. Entre les nations qui contrôlent ces capacités et celles qui en dépendent, les lignes de fracture s’intensifient.
Umesh Sachdev situe cette bataille dans le présent. Son message est clair : les gagnants de l’ère de l’IA seront ceux qui maîtrisent l’accès à la puissance de calcul. Un enjeu technique devenu stratégique. Peut-être même existentiel.