Le robot humanoïde NEO, développé par la startup norvégienne 1X Technologies, est désormais disponible en précommande pour 20 000 dollars. Promu comme un assistant domestique révolutionnaire, il promet de s’occuper des tâches ménagères les plus courantes. Pourtant, sous son design soigné et ses ambitions technologiques se cache une contrainte majeure : une téléopération humaine régulière qui soulève de sérieuses questions de vie privée et d’efficacité.
Un robot conçu pour la maison, pensé pour le futur
Avec une silhouette humanoïde de 1,65 mètre pour 30 kg, NEO adopte un design asexué aux contours doux, habillé de matériaux souples et lavables. Proposé en trois couleurs neutres – tan, gris et marron foncé – il s’intègre facilement à l’environnement domestique.
Ses performances mécaniques ne sont pas en reste : capable de soulever 70 kg et de porter jusqu’à 25 kg, le robot peut marcher à 5 km/h et courir à 22 km/h, tout en émettant à peine 22 décibels. Il s’agit de l’un des robots domestiques les plus puissants actuellement en pré-commercialisation, devant des concurrents comme Tesla Optimus ou Xpeng Iron.
Des promesses technologiques ambitieuses
NEO est conçu pour exécuter de multiples tâches ménagères : aspirer, plier le linge, laver la vaisselle, préparer les repas, arroser les plantes ou encore ranger les pièces. Grâce à l’intelligence artificielle Redwood AI, un modèle d’apprentissage dit « généraliste », l’humanoïde apprend progressivement les habitudes et préférences du foyer.
Connecté via Wi-Fi, Bluetooth et 5G, le robot se contrôle par une application mobile, commande vocale ou casque de réalité virtuelle. Il dispose aussi d’une fonction de recharge autonome et peut servir d’enceinte Bluetooth mobile. Son autonomie moyenne est de 2 à 3 heures en usage réel, malgré une capacité théorique de 4 heures en usage continu.
La téléopération humaine : entre promesse et dépendance
Malgré cette vitrine technologique, NEO n’est pour l’instant pas pleinement autonome. Nombre de tâches sont encore accomplies par l’intervention directe d’opérateurs humains, équipés de casques VR, qui prennent le contrôle à distance à des heures définies à l’avance.
Ce modèle de pilotage manuel à distance repose sur une politique de consentement : les utilisateurs doivent communiquer leur accord explicite pour chaque session. Toutefois, cette dépendance technologique replace l’utilisateur face à un dilemme complexe. Confier son espace intime à des opérateurs tiers, même de façon contrôlée, soulève des inquiétudes importantes liées à la protection de la vie privée et à la cybersécurité. Le risque d’intrusions indésirables ou de piratage persiste.
Une ambition éducative ou une simple phase bêta ?
Pour justifier cette dépendance à la supervision humaine, 1X soutient que cette phase est transitoire. Elle permettrait au robot d’apprendre à exécuter ses tâches de manière autonome à plus long terme, les utilisateurs servant ainsi de bêta-testeurs d’un écosystème en développement. « Les humanoïdes relevaient autrefois de la recherche. Aujourd’hui, ils deviennent un produit », a déclaré Børnich, chef de projet chez 1X Technologies.
Mais certains analystes dénoncent un écart important entre le discours marketing et la réalité technique. « Être premier ne veut pas dire être bon… c’est exactement le piège des produits tech sur-promis », souligne un critique. D’autres se montrent même inquiets : « Je sais pas vous mais je suis un peu effrayé par ce robot », confie un utilisateur potentiel, illustrant une perception publique ambivalente.
Un modèle économique entre luxe d’élite et démocratisation
Le prix d’entrée à 20 000 dollars cible clairement des early adopters fortunés. Toutefois, 1X propose également un modèle d’abonnement à 499 dollars par mois, visant à rendre la technologie accessible progressivement.
Les premières livraisons sont attendues aux États-Unis en 2026, avec un déploiement international prévu en 2027. En octobre 2024, les premières démonstrations des prototypes Neo Beta et Neo Gamma ont déjà permis d’évaluer les performances sur le terrain, bien que limitées par la nécessité d’un contrôle humain fréquent.
Conclusion : un pas vers l’avenir, mais pas sans compromis
NEO interpelle autant qu’il impressionne. Sur le papier, il réunit design, puissance, connectivité intelligente et apprentissage continu. Mais en pratique, son déploiement précoce repose sur une intervention humaine essentielle qui limite l’autonomie réelle du robot et oblige les utilisateurs à renoncer à une part de leur intimité.
Dans un marché en effervescence, où les humanoïdes tendent à devenir une réalité domestique, 1X Technologies fait figure de pionnier. Reste à savoir si les utilisateurs accepteront ce compromis entre commodité et surveillance.








