Fujitsu a annoncé en août 2025 un projet majeur : le développement d’un ordinateur quantique supraconducteur de plus de 10 000 qubits, dont la construction s’achèvera à l’horizon de l’exercice fiscal 2030. Cette initiative positionne le groupe japonais parmi les acteurs clés de la course mondiale à la suprématie quantique.
Un cap technologique sans précédent
L’objectif fixé est ambitieux : dépasser les 10 000 qubits physiques pour atteindre une capacité effective de 250 qubits logiques dès 2030, avec une montée en puissance vers 1 000 qubits logiques d’ici 2035. Ces qubits logiques, nettement plus stables que les qubits physiques, permettent des calculs fiables grâce à des mécanismes de correction d’erreurs quantiques.
La distinction est cruciale : un système quantique peut intégrer des milliers de qubits physiques, mais leur instabilité empêche d’exploiter leur plein potentiel sans correction. Fujitsu entend surmonter ce défi en se fondant sur des architectures supraconductrices en phase avancée de développement.
Une feuille de route claire jusqu’à 2035
Le plan prévoit cinq années de développement intensif entre 2025 et 2030. Fujitsu travaillera sur des circuits quantiques cryogéniques, sur l’interconnexion haute densité des qubits et sur la réduction du bruit de fond, le tout dans un cadre de recherche soutenu par un appel public à projets.
Après l’achèvement initial prévu pour 2030, la montée en capacité se poursuivra jusqu’en 2035. À cette étape, l’objectif est d’étendre la puissance logique du calcul quantique, de manière à répondre à des cas d’usage complexes et concrets comme la simulation moléculaire, l’optimisation de réseaux ou la cryptographie avancée.
Vers des architectures hybrides du futur
Au-delà du supraconducteur, Fujitsu regarde déjà vers une nouvelle génération d’ordinateurs quantiques. En parallèle du projet principal, le groupe prépare l’intégration de qubits à base de spins dans le diamant (NV centers), qui offrent un meilleur potentiel de connectivité et de cohérence quantique.
Ces architectures hybrides pourraient marier la rapidité des qubits supraconducteurs avec la stabilité des qubits à spin, posant les bases de plateformes quantiques encore plus robustes. Ces développements ouvrent des perspectives vers un futur où l’informatique quantique deviendrait plus modulaire et plus efficace.
Un enjeu stratégique mondial
Le développement de ce supercalculateur quantique s’inscrit dans une tendance globale : de nombreux pays, dont les États-Unis, la Chine et les membres de l’Union européenne, investissent massivement dans les technologies quantiques. Dans ce contexte, Fujitsu cherche à renforcer la souveraineté technologique du Japon et à consolider sa place sur l’échiquier scientifique international.
Le projet est consultable dans son annonce officielle via le Quantum Computing Report, qui détaille les objectifs de recherche et les échéances de déploiement.
Des retombées attendues au-delà de la recherche
Si Fujitsu atteint ses objectifs, le secteur privé pourrait bénéficier d’un puissant levier d’innovation, notamment dans les industries pharmaceutiques, la finance ou la logistique. L’impact potentiel dépasse la R&D : les applications pratiques de l’informatique quantique pourraient transformer des secteurs entiers de l’économie.
En France, les experts du secteur, consultables notamment sur TechPi.fr, suivent de près les avancées des géants quantiques. Le timing fixé par Fujitsu alimentera sans nul doute le débat mondial sur les stratégies industrielles à adopter face à cette nouvelle révolution technologique.
Une nouvelle ère pour l’informatique quantique
Avec ce projet, Fujitsu ambitionne non seulement de surmonter les limites technologiques actuelles, mais aussi de transformer l’informatique quantique en un outil réellement exploitable à grande échelle. La course vers le million de qubits logiques reste l’objectif ultime, mais franchir le cap des 250 puis 1 000 qubits logiques marquera déjà un tournant décisif.
À l’heure où les attentes du secteur explosent, ce projet pourrait représenter l’une des plus importantes avancées de la prochaine décennie.