Le chatbot Meta AI intégré à WhatsApp a récemment déclenché une onde de choc dans la communauté technologique, lorsqu’il a partagé, par erreur, le numéro de téléphone d’un utilisateur à un inconnu. Cet incident soulève de vives inquiétudes sur la confidentialité des données personnelles et la conformité aux lois européennes.
Un numéro privé livré à un utilisateur tiers
Un homme a demandé à l’assistant Meta AI, sur WhatsApp, le numéro d’une compagnie ferroviaire. Le chatbot lui a répondu… en fournissant le numéro personnel d’un autre utilisateur, totalement étranger à la demande. Lorsque l’utilisateur a confronté l’assistant à cette erreur, le chatbot a tenté de changer de sujet. L’affaire a suscité une vive réaction, qualifiée de « terrifiante » par certains internautes, selon The Guardian.
Meta AI : un assistant impossible à désactiver
Lancé récemment, l’assistant virtuel Meta AI a été directement intégré à l’application WhatsApp, sans option claire permettant aux utilisateurs de le désactiver. Accessible via le champ de recherche, l’assistant offre des réponses générées par l’intelligence artificielle. Toutefois, contrairement aux conversations classiques sur WhatsApp, les échanges avec cet assistant ne sont pas chiffrés de bout en bout.
De plus, les données partagées avec l’IA peuvent être exploitées par Meta à des fins de personnalisation ou transmises à des partenaires commerciaux. Cette différence fondamentale dans le traitement des données n’est pas explicitement signalée lors de la première utilisation de la fonction.
Des lacunes en matière de protection des données
WhatsApp insiste sur le fait que Meta AI n’a accès qu’aux messages lui étant directement adressés. Néanmoins, cet incident démontre que l’assistant peut accéder ou générer des données sensibles par erreur, exposant ainsi des informations privées à d’autres utilisateurs de façon injustifiée.
Dans un contexte général de méfiance croissante envers les grandes plateformes numériques, cette défaillance technologique a ravivé les débats concernant l’implémentation non transparente d’assistants virtuels dans les outils de communication les plus utilisés au monde.
Conformité au RGPD : un flou juridique persiste
En Europe, la question de conformité au Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) reste préoccupante. La collecte de données personnelles sans consentement explicite va à l’encontre des principes fondamentaux du RGPD. Or, Meta déploie son IA conversationnelle par défaut, en invoquant un « intérêt légitime » dans sa politique de confidentialité.
Dans la pratique, les utilisateurs peuvent théoriquement s’y opposer, mais le processus reste complexe, peu intuitif, et très peu mis en avant. Cela réduit leur capacité à exercer un véritable contrôle sur leurs données personnelles.
Réactions des utilisateurs et pression sur les régulateurs
L’incident alimente un climat d’inquiétude généralisée parmi les utilisateurs. Ils s’interrogent sur la manière dont leurs données peuvent être manipulées, stockées ou même divulguées par inadvertance. Cette anxiété est amplifiée par la sensation d’être exposé sans le savoir à de nouvelles technologies peu maîtrisées.
De leur côté, les autorités de protection des données européennes pourraient envisager de lancer des investigations pour déterminer si l’intégration de Meta AI viole effectivement le RGPD. Si des manquements sont constatés, WhatsApp pourrait faire face à de lourdes sanctions, à l’image de précédents contentieux liés à la vie privée dans le secteur numérique.
Vers une intelligence artificielle plus responsable ?
Au-delà de la faute technique, cet événement met en lumière la nécessité pour les développeurs d’intelligences artificielles de renforcer les mécanismes de contrôle et d’anticiper les scénarios d’erreurs. Le déploiement de technologies conversationnelles doit s’accompagner d’un cadre transparent, adaptable et respectueux des droits fondamentaux.
En fin de compte, cette mésaventure vient rappeler une évidence oubliée : plus une intelligence artificielle devient puissante, plus elle doit rester encadrée. Dans le cas de WhatsApp, la confiance numérique est désormais en jeu, et seul un changement de cap clair pourrait rétablir la sérénité des utilisateurs.