Midjourney franchit une nouvelle étape dans la création assistée par intelligence artificielle avec le lancement de V1 Video, un générateur de vidéos par IA. Cette innovation, officialisée le 18 juin 2025 par David Holz, PDG de l’entreprise, marque une avancée stratégique pour la plateforme jusqu’alors centrée sur la génération d’images. Mais ce progrès technologique s’accompagne d’un revers judiciaire majeur, avec une plainte conjointe déposée par Disney et Universal accusant Midjourney de violation de droits d’auteur.
Une nouvelle ère pour la création visuelle par l’IA
Le nouveau modèle V1 Video ne permet pas encore de générer une vidéo depuis un simple prompt textuel. À la différence de ses concurrents tels que Sora ou Kling 2, l’utilisateur doit d’abord fournir une image fixe. Celle-ci peut être téléversée manuellement ou générée via le moteur d’images Midjourney V7. À partir de cette image, il est possible d’utiliser la fonction Animate pour produire une vidéo animée courte.
Disponible dès 10 dollars par mois, le service reste abordable pour une large communauté, des créateurs de contenu aux passionnés. Cependant, la génération d’une vidéo coûte en moyenne huit fois plus de crédits qu’une image classique. Pour équilibrer coûts et performance, Midjourney propose une version plus lente de la génération vidéo pour les abonnés du plan Pro, réduisant la charge sur les crédits mensuels.
Un modèle économique à double tranchant
Cette tarification progressive reflète la valeur croissante des contenus vidéo générés par l’IA. Elle souligne aussi les limites imposées par les ressources de calcul en arrière-plan. Ainsi, même si la fonctionnalité transforme le paysage créatif, elle impose de nouvelles contraintes aux utilisateurs, en particulier ceux qui souhaitent produire du contenu à grande échelle.
Cette évolution technologique positionne Midjourney dans un écosystème de plus en plus compétitif où l’intégration de l’IA dans la production multimédia refaçonne les usages. Les outils comme V1 Video favorisent une nouvelle forme de narration visuelle, rapide et personnalisée, mais soulèvent aussi des questions sur la pérennité des modèles économiques actuels face à des demandes techniques toujours plus élevées.
Disney et Universal portent plainte pour violation de propriété intellectuelle
Le 11 juin 2025, quelques jours avant l’annonce du V1 Video, Disney et Universal ont engagé des poursuites contre Midjourney. Ils accusent l’entreprise d’avoir illégalement utilisé leurs œuvres protégées pour entraîner leurs modèles d’intelligence artificielle. Les studios dénoncent la facilitation de la création d’images ressemblant à des personnages emblématiques comme Spider-Man ou Shrek, sans contrat de licence ni autorisation.
« Le piratage est du piratage, et le fait que ce soit fait par une entreprise d’IA ne le rend pas moins enfreignant », a déclaré Horacio Gutierrez, responsable juridique chez Disney. L’affaire remet en cause le principe du fair use, souvent invoqué par les entreprises technologiques comme fondement juridique pour collecter et utiliser des œuvres protégées lors de l’entraînement d’IA.
Des implications juridiques à l’échelle de l’industrie
Ce procès pourrait faire jurisprudence dans la bataille qui oppose les géants du divertissement aux développeurs d’outils IA. Si Disney et Universal obtiennent gain de cause, Midjourney et d’autres acteurs du secteur pourraient être contraints de revoir drastiquement leurs méthodes d’entraînement. Cela pourrait inclure la mise en place de licences coûteuses pour l’utilisation de données protégées, alourdissant notablement le modèle économique des laboratoires et startups indépendants.
Parallèlement, cette affaire attise les inquiétudes d’artistes et de créateurs qui estiment ne pas être rémunérés à la juste valeur de leur travail quand celui-ci sert d’input aux systèmes d’IA. D’un côté, les IA offrent des outils puissants pour améliorer la créativité et la productivité. De l’autre, elles brouillent les frontières de la paternité artistique et des droits d’auteur traditionnels.
Vers une régulation plus stricte du contenu IA ?
Le bras de fer entre Midjourney et les studios hollywoodiens pourrait marquer une nouvelle étape de régulation du secteur. En l’absence de cadre juridique clair, les demandes de transparence sur les données utilisées pour l’entraînement des IA s’intensifient. Cette pression réglementaire crée de nouveaux défis pour l’innovation rapide dans un climat où la protection de la création originale devient une priorité croissante.
Alors que la technologie dépasse désormais les frontières de l’image fixe, le développement de Midjourney vers la vidéo générée par IA illustre cette dynamique à double vitesse : des capacités créatives démultipliées, mais un terrain juridique de plus en plus instable.
Perspectives et enjeux à surveiller
- Technologiquement, Midjourney consolide sa place parmi les plateformes les plus innovantes, en déployant un outil vidéo accessible au plus grand nombre.
- Économiquement, la monétisation via les crédits et les plans Pro traduit une orientation vers la durabilité financière face à des coûts énergivores.
- Juridiquement, le procès en cours pourrait changer les règles du jeu pour l’ensemble des startups IA.
- Créativement, la tension entre appropriation et empowerment continue de croître, divisant la scène artistique et technologique.
Dates clés à retenir
- 11 juin 2025 : Disney et Universal déposent une plainte contre Midjourney pour atteinte au droit d’auteur.
- 18 juin 2025 : Midjourney annonce officiellement le lancement de son générateur vidéo V1 Video.
Conclusion
Midjourney avance à grands pas vers l’avenir de la création immersive avec le lancement de la vidéo par IA. Mais l’innovation ne se fait pas sans heurts. Confrontée aux exigences croissantes du droit d’auteur, l’entreprise se trouve à un tournant. L’issue sera déterminante pour l’ensemble du secteur : entre liberté d’entraînement des modèles et droits des créateurs, l’équilibre reste à construire.
